Un acte de solidarité
Depuis 2002, le comité de la Société Suisse de Cardiologie (SSC), sur préavis d’une commission ad hoc de trois de ses membres, alloue une subvention annuelle de l’ordre de CHF 10 000 à un ou plusieurs jeunes mé- decins. L’existence de cette «bourse SSC» est régulièrement rappelée dans les «News» de la société [1].
Le règlement précise que le «but de ce fonds est d’encourager la formation postgraduée et continue et la recherche en cardiologie, en particulier dans des pays défavorisés, ainsi que de cultiver la collaboration, les échanges scientifiques et les relations confraternelles entre les membres de la Société Suisse de Cardiologie (SSC) et les cardiologues d’autres pays.
Le soutien de médecins du tiers monde pour leur formation spécifique à leur région sera favorisé». (cf. règlement sous
www.swisscardio.ch).
C’est ainsi qu’a été attribué notre soutien de 2012 à Maneesha Bhaya, Jaipur, Inde, dont le compte-rendu paraît dans le présent numéro de «Cardiovascular Medicine» (page 193). La bénéficiaire de cette bourse SSC s’intéresse particulièrement au dépistage échocardiographique de la cardiopathie post-rhumatismale, maladie de moins en moins répandue dans les pays indus- trialisés, mais bien présente dans les pays émergents. Elle contribue ainsi à la maîtrise d’un problème cardio- logique de santé publique dans sa région.
En 2014, la bourse est attribuée à un jeune cardio- logue Camerounais qui se perfectionne en électrophy- siologie (cf.
Table 1).
Jusqu’à présent, 13 jeunes collègues, provenant en général de régions défavorisées, ont bénéficié d’une bourse de la SSC d’un montant de CHF 10 000.– (
Table 1), à savoir 3 Asiatiques (Népal, Inde), 3 Ar- gentins, 4 Européens (de l’Est), 2 Africains et une Suissesse. Leurs activités soutenues par la SSC ont toujours été réalisées en fonction des futurs besoins des bénéficiaires et de leur entourage, soit en Europe (4 en Suisse, un en Autriche), au Canada ou aux E-U (2), dans leur pays d’origine (5) ou dans leur région géographique (1). Les buts des bénéficiaires et les lieux de leur formation facilitée par notre bourse sont résumés dans le
Table 1.
Pendant la phase de recrutement, durant et souvent après leur activité soutenue par la SSC, les échanges personnels ont été intenses et confraternels. Naturellement, cette intensité a été variable, le recrutement étant tantôt lié à des efforts personnels considérables de multiples intervenants (p.ex. au Népal), tantôt à un véritable concours de sélection (en Argen- tine), mais parfois aussi à un niveau plus modeste. Plusieurs rapports ont été fournis spontanément au terme de ladite activité, quelques travaux scientifiques nous sont parvenus (parfois en russe …).
Quelques relations personnelles entre les bénéficiaires et les «recruteurs» de la SSC persistent jusqu’à ce jour.
Perspectives
La SSC reste dans une situation financièrement confor- table, cela malgré quelques difficultés bien identifiées (coût administratifs, diminution du sponsoring lors de nos congrès), la bourse devrait ainsi pouvoir être main- tenue. Le but prioritaire de favoriser des jeunes collègues des pays défavorisés a fait ses preuves. Le choix des candidats comporte par essence un côté aléatoire. Choisir un «collègue défavorisé» est souvent un parfait leurre, puisque être devenu médecin est un signe évident d’être privilégié dans beaucoup de régions du monde. Le mode de sélection, stipulé dans le réglement, par contacts personnels entre un membre de la SSC et les candidats permet dans une certaine mesure de «canaliser» ces aspects.
La commission ad hoc SSC de la bourse a la responsabilité du choix des bénéficiaires, la décision finale ap- partient au comité de la SSC.
Comment consolider les résultats de notre action et les relations avec les bénéficiaires?
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L’augmentation du nombre de membres SSC intéressés dans ce domaine est souhaitable car elle ga- rantit une meilleure assise des choix.
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L’assurance du bon usage de notre bourse est bien entendu liée à la qualité du choix des bénéficiaires.
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Un rapport final doit être demandé plus systéma-tiquement.
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Demander un résumé dans «Cardiovascular Medicine» à chaque bénéficiaire est souhaitable.
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Inviter les bénéficiaires à devenir membres ex- traordinaires de la SSC pourrait pérenniser les rapports confraternels sans frais supplémentaires étant donné les possibilités de communication électronique modernes, même si un rapport concret ne se réalisera sans doute pas dans tous les cas.
Le comité SSC se fera un honneur de discuter régulièrement des modalités évolutives de cette noble tâche de notre société.